INTERVIEW D'UN FERMIER AMERICAIN !

Comme certains d'entres vous le savent déjà, j'ai vécu aux Etats-Unis pendant un an. J'ai rencontré et parlé avec beaucoup de gens ce qui m'a permis d'en apprendre plus sur la vie en Amérique. J'ai eu la chance d'être hébergée par une famille formidable. Ce sont des gens naturels et authentiques et apprendre à les connaître a été pour moi, le meilleur moyen de découvrir l'Amérique profonde.

Ma mère d'accueil est cuisto dans un restaurant (elle faisait les meilleurs pancakes ever) et mon père d'accueil est fermier. Il s'occupe de sa propre ferme et c'est lui qui va répondre à mes questions !

Alors commençons. Depuis quand es-tu fermier ?

"Je suis dans l'agriculture depuis 45 ans. Nous avions des vaches jusqu'en 2005, date à laquelle nous les avons vendues car le prix du lait a chuté très bas."

Et peux-tu me dire comment les fermes sont transmises ? Est-ce que c'est plutôt de générations en générations, ou par la vente et l'achat des terres ? Comment as-tu eu tes terres ?

"La plupart des fermes restent dans la famille jusqu'à ce que la nouvelle génération ne veuille pas la ferme, puis elle est vendue aux enchères. Beaucoup de petits agriculteurs ont dû vendre parce qu'ils ne peuvent pas gagner leur vie et subvenir aux besoins d'une famille. Quand mon père est mort, la terre ne m'a pas été donnée. J'ai dû payer pour cela par le biais des droits de succession. En réalité, je l'ai payé mais c'était moins cher que de devoir acheter un terrain. Toujours décevant que l'on vous donne quelque chose mais que vous ayez à payer pour cela. "

Et comment le métier de fermier est-il perçu aux Etats-Unis?

"Parfois, nous ne sommes perçus que comme des hicks (une personne considéré comme peu sophistiquée, crédule ou grossière, souvent une personne qui vit à la campagne) pour "l'élite". Sinon, les gens qui aiment les produits frais nous aiment bien, ils nous rencontrent et nous parlent, à nous, les agriculteurs."

C'est intéressant de voir comment la population vous traite. La société serait vraiment différente sans fermiers, mais c'est une pensée qui évolue petit à petit. En parlant d'évolution, est-ce que ton métier a beaucoup évolué avec le temps ? Te rappelles-tu de comment ton père travaillait ?

"Oui, ça évolue clairement. Il y a beaucoup de nouvelles technologies. De l'élevage de vaches aux nouvelles technologies du maïs ou du foin. Si vous êtes céréaliculteur, il existe différents types de maïs (maïs de sécheresse, rendement élevé, maïs résistant à la brûlure, maïs résistant aux insectes) ce qui nous facilitent la tâche. L'époque de mon père était bien différente, à tout niveau."

C'est super intéressant. Et du coup, en tant que fermier, que penses-tu du réchauffement climatique ?

"Je doute que ça existe, Greta."

Maintenant on va parler de l'actualité. Comment les fermiers gèrent la situation face à la pandémie ? Est-ce que la crise vous affectent ?

"La situation est vraiment mauvaise en Amérique. Avec le coronavirus, les prix du maïs et du soja deviennent bas. Les fermiers déversent et gâchent du lait et ce n'est vraiment pas bon."

J'ai vu que les gens protestaient dans certaines grandes villes, aux Etats-Unis. Est-ce que tu sais ce qu'ils défendent ?

"Dehors, les gens protestent contre le confinement, ils ne sont pas d'accord avec ça. Ils remettent aussi beaucoup en question tout les problèmes présents aux Etats-Unis. Ils parlent du socialisme, des démocrates, de Trump, de la Chine, du contrôle des armes à feu...etc."

À ton avis, pourquoi les petites fermes traversent souvent des périodes difficiles ?

"Certains agriculteurs se développent. Les banquiers disent qu'ils vont avoir de l'argent mais ce n'est pas toujours le cas. Alors, ils vendent leurs biens, certains trouvent des emplois hors de leurs fermes.

Comme on dit, le travail ne fonctionne pas toujours."

Malgré tout ce qui se passe en ce moment, combien aimes-tu ton boulot, sur une échelle de 1 à 10 ?

"10, parce que malgré tout, j'adore mon métier.

Un grand merci à toi pour m'avoir répondu avec sincérité !